Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CinizZ's AttiC
20 mars 2006

Entrée des artistes

"Le malheur est à l'art ce que le fumier est à la culture maraîchère."


Dixit San Antonio aka Frédéric Dard. Un des romanciers favoris de mon ex beau-père d'ailleurs. Paix à son âme. (Celle de Dard, mon ex beau-père est probablement encore en vie à l'heure qu'il est...)

La citation vous l'aurez compris n'a pas été choisie au hasard; c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour présenter mon sujet sans devoir vous faire subir une introduction qui, vu l'heure et surtout vu mes dispositions, risque d'être aussi vaseuse que décousue.

Lors d'une leçon parmi tant d'autres consacrées à la vie de Verlaine, mon professeur de français de l'époque nous a dit: " C'est lorsqu'il est malheureux qu'un écrivain écrit le plus et surtout le mieux." Cet honorable monsieur (dont chaque parole était pour moi Evangile) était loin de se douter qu'il venait par cette phrase de confirmer le fondement d'une théorie qui n'avait pas encore vraiment de mots mais qui germait en moi depuis quelque temps déjà, et que par là-même il venait de chambouler complètement mon système de valeurs.

Il faut savoir qu'à quinze ans déjà, j'avais des ambitions écrivaines. J'avais aussi de gros problèmes relationnels. Du haut de ma solitude, j'en étais arrivée à penser que les gens heureux, et le bonheur en général, n'étaient pas intéressants. La preuve? Le happy end. Les histoires se terminaient invariablement là où le bonheur commençait, et vice versa. Imaginez un film de deux heures trente ou un roman de 600 pages où tout le monde serait parfaitement heureux:Ce serait d'un ennui mortel...Ca, c'est ce que je pensais à l'époque.
Les théories évoluant avec l'âge (et avec l'aggravation de mes problèmes personnels), j'en arrivai un peu plus tard à la conclusion suivante: le bonheur durable n'est pas possible, car toute la vie n'est qu'une continuelle poursuite de ce but final qu'est le bonheur. Une fois atteint, la course s'arrête, car l'homme n'a plus de but, et donc plus de raison d'être. Il se doit donc de fuir ou de briser ce bonheur nouvellement atteint pour pouvoir continuer à chercher et donc à vivre (je tiens ici à remercier les scénaristes de la série "Dawson's Creek" pour m'avoir soutenue et confortée dans mes opinions pendant des années)
Le bonheur étant inintéressant
et de toute façon inaccessible, me restait son contraire, avec lequel j'étais familiarisée depuis un certain temps déjà: le malheur, ce malheur qu'à 17 ans j'excelle à dépeindre, à décrire, à coucher sur le papier...

Le bonheur est inintéressant et inaccessible. Le malheur est là, irrémédiablement là, et qui plus est il apporte de l'encre à ma plume. Qu'il en soit ainsi: puisque je ne peux tuer la bête, je la nourrirai pour qu'elle me tienne chaud.

Et voilà comment, de fil en aiguille, on se tisse un raisonnement à la con et on s'y enferme comme dans une camisole de force.

C'est vrai: nombre des grands génies artistiques des siècles derniers, toutes catégories confondues, furent des fous, des incompris, des malheureux, des malades, des suicidaires. Leur oeuvre est imprégnée des tourments de leur âme et c'est ce qui la rend si touchante. La douleur est malheureusement beaucoup plus communicative que la joie. Mais cet art-là est un exutoire, un vice, un mode d'expression détourné pour ceux qui ne parviennent pas ou plus à communiquer "normalement". Oui, cet art-là est magnifique et poignant, mais il n'est pas délibéré. Cultiver son malheur pour en faire de l'art, c'est confondre la fin et les moyens. Et dire que le bonheur est inintéressant et impossible à réaliser, c'est oublier que le bonheur aussi se cultive, que le bonheur se joue, se chante, s'écrit, se dessine et se peint, plus et peut-être mieux encore que le malheur, et que surtout, le bonheur se vit. C'est l'Art qui doit être le reflet de la vie, et non la vie qui doit refléter l'Art.


Publicité
Publicité
Commentaires
C
Va falloir que je commence ici aussi...<br /> <br /> KE NOUVEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEELL?!?!?!?!
M
Le bonheur n'est pas inaccessible du tout, il y a moyen d'être heureux avec peu de choses, il suffit de les voir et de se poser les bonnes questions. Le problème de l'être humain est que si on lui donne la main, il prendra le bras. La soif de l'Homme ne s'arrête jamais : les riches veulent toujours devenir plus riches, les célébrités veulent devenir plus célèbres, les musclés veulent être plus musclés, les minces encore plus minces. (Heureusement que les cons ne veulent pas être plus cons, ça se fait tout seul dans leur cas.) Et de même, lorsque nous avons atteint quelque chose qui nous apporte du bonheur, nous finissons vite par nous en lasser, ou simplement par encore vouloir davantage. Toujours plus! L'homme qui en a marre de prendre le bus va s'acheter un vélo, mais ce vélo n'est pas assez rapide alors il s'achète une mobylette, mais ça ne lui suffit pas donc il passe à la moto, mais il veut être à l'abris alors il s'achète une voiture, pas de place pour mettre les courses - on en achète une plus grosse, le voisin a un 4x4 j'en veux un aussi même si ça sert à rien alors j'en achète un mais zut ma femme en veut un aussi bah si ça fait son bonheur pourquoi pas après tout mais après la dame veut une voiture plus élégante et je crois que je devrais utiliser un peu de ponctuation. Respirez... désolé, je me suis un peu emballé.<br /> Bon, cet exemple est matérialiste, mais il illustre bien ce que je pense être la nature humaine. Toujours plus, jamais content. Dans ce sens, alors oui, le bonheur est inaccessible. Et tant mieux finalement, car c'est ce qui nous fait aller de l'avant.<br /> Oscar Wilde a dit : "Il y a deux tragédies dans la vie : l'une est de ne pas satisfaire son désir et l'autre de le satisfaire.". <br /> Par définition, le bonheur durable n'existe donc pas. Même en imaginant que nous le trouvions, nous nous en lasserions de par notre nature, et donc comme tu le dis nous n'aurions plus aucune raison de vivre.<br /> Mais ça ne veut pas non plus dire qu'il faut vivre dans le malheur pour éviter de connaître un bonheur qui, finalement, fait peur. Le bonheur, au lieu d'être UN gros truc, n'être qu'un ensemble de petite choses qui font la différence... tout comme le malheur me direz-vous. Dans ce cas autant regarder du bon côté, tant bien que mal. Et bien entendu se servir de l'art sous une forme ou l'autre comme catharsis, pour laisser échapper sa tristesse ou sa colère, ou les deux...<br /> C'était un peu confus et je me rends compte qu'il n'y a pas de véritable logique dans mon discours, mais ça ne fait rien hein ;)
CinizZ's AttiC
Publicité
Derniers commentaires
CinizZ's AttiC
Archives
Publicité